nouveau virage dans notre existence, c’est possible. Cela passe par une parole plus libre, plus vraie. Et souvent par une thérapie. Explications.
Redevenir célibataire maintenant ? Ce serait de la folie. » « Démissionner ? Suicidaire ! » La crise nous enferme dans un discours frileux. Mais devons-nous continuer à supporter ce travail vers lequel nous partons chaque matin la boule au ventre ? Subir les humiliations de ce supérieur dont nous sommes, pensons-nous, le souffre-douleur ? Faut-il accepter la dilution de notre couple dans les obligations familiales ? Rester pour les enfants ? Chacune de nos histoires d’amour est-elle vouée à suivre une courbe « déceptive » ? Non. Notre épanouissement ne dépend pas d’une récession globale. Il est possible de renouer avec nos aspirations secrètes. Les psychothérapies peuvent nous y aider car, explique le psychologue Edmond Marc, auteur du Changement en psychothérapie (Dunod, 2002), « leur but est le changement, puisqu’il s’agit de passer d’un état de malaise à un mieux-être », en s’appuyant sur le pouvoir de la parole.
En finir avec les faux-semblants
Souvenez-vous, ce matin, en déposant vos enfants à l’école, en prenant votre café au comptoir, en arrivant au bureau : combien de fois avez-vous menti sur votre état général, celui de votre vie personnelle, professionnelle ? Rien de plus compréhensible quand il s’agit de préserver les apparences en société. Mais même dans l’intimité, notre parole reflète rarement la profondeur de notre existence. Parce que « nous sommes habitués à nos symptômes, éclaire le psychanalyste Pierre Marie, auteur de Psychanalyse, psychothérapie : quelles différences ? (Aubier, 2004). Nous ne sommes pas bien avec notre conjoint, mais nous le connaissons ; pas bien dans notre métier, mais nous nous y sommes faits… Mettre à jour les raisons pour lesquelles nous nous sommes enfermés dans une situation dont nous souffrons, nous avouer que nous n’y trouvons pas, ou plus, notre compte, trouver la vérité de notre désir, cela conduit à la perspective de changement, autrement dit au saut dans l’inconnu ».
Libérer sa pensée
Aurélie, 35 ans, s’est allongée sur le divan après une rupture. Un jour, au moment de régler sa séance, elle signale à sa thérapeute qu’elle a rédigé sur son chèque de paiement une belle lettre « N ». Sa « belle haine » pour son ancien amour lui a sauté à la figure et l’a aidée à tourner la page. S’exprimer sans penser et sans censure permet de reconquérir une indépendance perdue sans le savoir. « N ous ne sommes pas libres dans le choix de notre parcours, de nos amours, affirme le psychanalyste Ali Magoudi, auteur du Monde d’Ali (Albin Michel, 2004). Nous agissons parfois contre nous-mêmes. En nous laissant aller, nous en prenons conscience, nous pouvons nous confronter à notre destin personnel et le redessiner. » En thérapie, il arrive que nous prononcions des paroles auxquelles nous trouvons soudainement un sens caché. Notre rapport à nous-même, aux autres et au monde s’en trouve alors bouleversé. Ali Magoudi ne sait pas trop « comment cela marche mais, tout à coup, le patient entend autrement ce qu’il a toujours dit. Et cette révélation provoque un changement : il n’est plus déprimé, ou phobique, etc. Cette découverte de l’autre signification d’un mot, d’une lettre, d’un chiffre, réoriente sa vie ». Un déclic s’est produit.